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Appel à communication pour le colloque «Écologie politique vs écologie industrielle Quelles stratégies pour le développement durable ?»

«Écologie politique vs écologie industrielle Quelles stratégies pour le développement durable ?»
20 mars 2013
Université Blaise Pascal – IUFM Clermont-Ferrand,
Date limite de soumission : 30 novembre 2012

Depuis les années 1990, les questions d’économie et d’écologie sont désormais inextricablement liées dans la définition et la mise en œuvre de ce que l’on désigne aujourd’hui sous le terme « développement durable ». Selon Lester Brown (1992, p XIX), qui fait écho aux principes opérationnels proposés par Herman Daly (1990), il faut entendre par là un développement « qui reposerait sur une utilisation modérée des ressources non renouvelables, un usage des ressources renouvelables respectant leur capacité de reproduction et une stricte limitation des rejets et déchets à ce qui peut être recyclé par les processus naturels. » Compte tenu de ces contraintes, le développement durable appelle de profonds changements dans nos sociétés, en particulier en ce qui concerne leurs modes de production et de consommation.

Deux courants de pensée ont apporté quelques réponses à ce défi sociétal. Le premier considère que l’homme fait partie de la nature, laquelle, loin d’être donnée, est un construit. Par son activité (notamment industrielle), l’homme a été cependant amené à transformer et à détruire son environnement. C’est pourquoi l’écologie industrielle de Suren Erkman (1994, 1998, 2001, 2004) prône une remise en cause du modèle de développement des économies industrielles en s’appuyant sur la notion d’écosystème industriel. Dans un article intitulé « Des stratégies industrielles viables », Robert Frosch et Nicolas Gallopoulos (1989), tous deux responsables de la Recherche chez General Motors, rappellent que « dans un système industriel traditionnel, chaque opération de transformation, indépendamment des autres, consomme des matières premières, fournit des produits que l’on vend et des déchets que l’on stocke. On doit remplacer cette méthode simpliste par un modèle plus intégré : un écosystème industriel » (1989, p. 106). Cet écosystème industriel doit fonctionner comme un écosystème biologique, c’est-à-dire en circuit fermé. Le second courant condamne les méfaits de l’action humaine sur la nature. Il milite pour une croissance zéro, voire une décroissance. Il est possible de déterminer les contours d’un cadre théorique à partir des travaux de René Passet, Nicholas Georgescu-Roegen, Ivan Illich, André Gorz, Serge Latouche… Réunis sous la bannière de la dissidence ou d’une approche hétérodoxe du développement (soutenable), ces tenants de l’écologie politique ont cherché à réconcilier l’écologie et l’économie.

Sans y voir une nécessaire opposition, il semblerait que ces deux courants ne proposent pas les mêmes solutions. Le colloque cherchera à interroger ces deux modèles alternatifs. Les pistes de réflexion que les organisateurs souhaiteraient privilégier, sont les suivantes :
– 1° Analyse des caractéristiques et du cadre théorique de l’écologie industrielle. L’accent pourra être mis sur la pertinence du concept d’écosystème industriel (Boons, Roome, 2000 ; Hess, 2009), sur l’utilisation des matrices input-output (Leontief), sur des études relevant du métabolisme (agro) industriel ou des analyses du cycle de vie, sur des présentations de symbioses industrielles, sur les apports des sciences humaines aux sciences de l’ingénieur, sur l’écologie industrielle et territoriale… Il sera également possible d’interroger l’homogénéité des travaux en matière d’écologie industrielle ou d’agro-écologie, tantôt appréhendée comme une science neutre (Allenby, 1999), tantôt assimilée à un changement de paradigme (Ehrenfeld, 2000). Des thématiques telles que l’éco-conception, l’économie de la fonctionnalité, la dématérialisation, la chimie verte… pourront être abordées.
– 2° Présentation des thèses et de la portée des messages véhiculées par l’écologie politique. Peut-on parler d’un corpus théorique homogène ? Ce courant de pensée développe-t-il une conception scientifique du processus économique ? Quelles sont les propositions théoriques susceptibles de rompre avec la logique productiviste du capitalisme ? Des papiers proposant une lecture critique critiquant des travaux d’Ivan Illich (1973), de René Passet (1971), de Nicholas Georgescu-Roegen (1975), d’Herman Daly (1990), d’André Gorz (1991), de Serge Latouche (2006)… auraient ici toute leur place. Une session sera éventuellement consacrée à la décroissance.
– 3° Analyse des points communs de ces deux approches, en précisant notamment les enseignements de la science écologique (Commoner, 1971) et en mettant l’accent sur la nécessité de résoudre la crise environnementale. L’écologie industrielle et l’écologie politique font toutes deux références aux travaux de Nicholas Georgescu-Roegen…
– 4° Etude des divergences. En effet, si ces deux courants suggèrent une modification des modes de production et de consommation, on peut noter que les stratégies proposées sont radicalement différentes : défis techniques (Allenby, 1994, 1999), autolimitation des besoins (Georgescu-Roegen, 1995), transformation en profondeur des structures socio-économiques et culturelles de nos sociétés « modernes » (Rosenthal, 2000 ; Hill, 2006)…

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