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Appel à communication pour le second séminaire de recherche du réseau PY: «L’européanisation des sociétés et des territoires post-yougoslaves : faire avec l’Europe ?»

Date du séminaire : 18 Janvier 2013
Lieu : MMSH d’Aix-en-Provence, France

Date limite pour soumission d’un résumé : 25 novembre 2012

Appel à communications

Décidé et conditionné lors du sommet européen de Copenhague en 1993, l’élargissement de l’Union européenne (UE) vers les pays d’Europe centrale et orientale a pris des chemins différents en fonction des pays concernés. Dans les années 1990, alors que le processus est sérieusement engagé à l’Est, c’est l’impasse politique qui caractérise l’action de l’Union en ex-Yougoslavie où les crises se succèdent : conflits en Croatie et en Bosnie-Herzégovine au début de la décennie, puis au Kosovo ainsi qu’en Serbie (1998-1999) et en République de Macédoine en 2001. Réaffirmé à la fin des années 90, l’élargissement aux Balkans occidentaux reste un processus lent et différencié d’un pays à l’autre. La Slovénie, peu touchée par les conflits, accède à l’Union européenne au moment du grand élargissement vers l’Est de 2004. Elle sera rejointe par la Croatie mi-2013. Aujourd’hui, seul le Monténégro a entamé les négociations d’adhésion avec l’UE (depuis l’été 2012). Pour tous les autres pays de la région, qu’ils soient reconnus candidats officiels (Républiques de Serbie et de Macédoine) ou non (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Albanie), les négociations n’ont toujours pas commencé.

Malgré tout, l’intégration européenne constitue une perspective majeure pour les États de la région, en termes d’horizon politique, économique et social. Elle resterait même, pour de nombreux observateurs, le catalyseur extérieur le plus significatif à la mise en place de réformes démocratiques dans la région (Rupnik, 2007). Mais de quelles réformes parle-t-on ?

C’est pour décrire le rapprochement institutionnel et social entre pays (notamment) de la région et UE qu’a émergé la notion d’européanisation, qui tend à décrire le processus d’alignement normatif lié à l’intégration, par les pays candidats, de l’acquis communautaire dans leur législation nationale. Plus largement, cette notion décrit la pénétration de la dimension européenne dans les systèmes politiques et les arènes de politique publique nationaux (Radaelli, 2003). Elle ne s’arrêterait donc pas à un seul processus normatif, institutionnel, mais serait aussi un processus relationnel de construction, d’évolution, de diffusion, de règles aussi bien formelles qu’informelles, mais aussi de croyances partagées (Radaelli, 2004).

Ce processus concerne donc les sociétés au sens large : l’européanisation peut être envisagée comme une expérience sociale concrète, qui se manifeste par l’apparition de nouveaux espaces de décisions, par des phénomènes de résistances ou de mobilisation d’opportunités, la mise en place de stratégie, etc. Cette approche permet d’étudier la façon dont les individus et les groupes sociaux « font avec » l’Europe, devenue un acteur important, parmi d’autres, des sociétés post-yougoslaves.

« Faire avec l’Europe »

Notre séminaire aixois propose ainsi d’étudier les relations entre l’Europe au sens large (ses institutions, ses normes, ses individus) et les sociétés et territoires post-yougoslaves. Une des questions centrales que nous souhaitons aborder est : dans quelle mesure les sociétés et les individus s’adaptent ou non au modèle européen, et réciproquement dans quelle mesure le modèle européen s’adapte ou non, évolue, au contact des sociétés post-yougoslaves ?

Nous proposons également de porter une réflexion critique sur les acteurs de cette européanisation, et notamment sur l’émergence de la notion de « société civile »: à quels phénomènes sociétaux renvoie cette notion ? Quel rôle pour cette « société civile » dans l’évolution des rapports de force politiques et sociaux post-yougoslaves ? Quelle place dans la diffusion des normes européennes en ex-Yougoslavie ? L’attention portée à cet ensemble d’acteurs nous permettra également de questionner le lien entre européanisation et globalisation, la première notion pouvant parfois être perçue comme une modalité de la seconde.

Enfin, nous souhaitons également aborder dans nos débats la question de « l’Europe au quotidien » : de quelles façons les individus et les groupes sociaux composent avec l’Europe dans leur vie quotidienne ? Dans quelle mesure le cadre européen devient, ou non, un nouveau cadre d’action, parmi d’autres ? Selon quels motifs et quelles modalités est-il mobilisé et perçu ? Pourront être pris en exemple les mécanismes d’insertion ou de rejet, individuels et collectifs, vis-à-vis des politiques publiques européennes.

Initiée par le constat que les processus d’européanisation en ex-Yougoslavie ne font pas suffisamment l’objet de recherches empiriques, cette journée sera l’occasion d’apporter des contributions issues de disciplines diverses sur les pratiques à l’œuvre, mais aussi d’interroger les outils théoriques et analytiques que nous employons pour les étudier. Au-delà des tentations normatives, comment travaille-t-on sur « l’européanisation » en ex-Yougoslavie ?

Modalités de soumission des propositions de communication

Nous invitons les jeunes chercheurs, doctorant(e)s, jeunes docteur(e)s en sciences humaines et sociales, à proposer une réponse en français, en lien avec les thèmes développés auparavant.

La proposition de communication devra compter 500 mots environ et être envoyée à l’adresse suivante : reseaupy@yahoo.fr avant le 25 novembre 2012. Elle devra être accompagnée d’un CV synthétique, d’une page environ, rédigé en français.

Le comité d’organisation portera une attention toute particulière aux propositions qui préciseront clairement dans quelle(s) thématique(s) elles s’inscrivent et quels sont leurs apports à l’objet du séminaire et à la problématique générale du réseau. L’acceptation sera notifiée aux auteurs début décembre 2013.

Format du séminaire et valorisation envisagée

Les communications devront être envoyées par mail (reseaupy@yahoo.fr), sous la forme d’un article de 5.000 à 10.000 mots, avant le 7 janvier 2013. Ces derniers seront ensuite envoyés à l’ensemble des participants au séminaire, afin que chacun puisse les lire de sorte à favoriser discussions et réactions.

Le séminaire se déroulera sur un jour, le 18 Janvier 2013. Il sera composé de plusieurs sessions (renvoyant aux thématiques de l’appel) ; chaque session sera animée par un ou deux chercheurs confirmés, spécialistes des thèmes proposés. Le séminaire se terminera par une conclusion transversale qui s’appuiera sur l’ensemble des présentations et des débats, et qui sera réalisée par un chercheur invité pour l’occasion.

Certains articles présentés lors du séminaire pourront faire l’objet d’une publication dans un numéro spécial d’un journal ou d’une revue scientifique.

Informations pratiques

La participation au séminaire est gratuite et ouverte.

Le séminaire aura lieu à la MMSH d’Aix-en-Provence, 5 rue du château de l’horloge, 13094 Aix-en-Provence (accessible en bus depuis le centre-ville).

La langue de travail du séminaire sera le français.

Grâce au soutien financier des institutions partenaires, nous serons en capacité de fournir, sur demande, un petit nombre de bourses pour aider certains participants à financer leur déplacement à Marseille. La priorité sera donnée aux doctorants originaires d’universités balkaniques et à ceux non financés par leurs équipes/laboratoires.

PY, un réseau de jeunes chercheurs travaillant sur les reconfigurations et les mutations des territoires et des sociétés post-yougoslaves

Juin 1991, l’éclatement de la Yougoslavie et les premiers conflits armés commencent en Slovénie. Les épisodes guerriers qui s’en sont suivis ont marqué la fin de la République socialiste de Yougoslavie, dont le territoire est aujourd’hui réparti entre six États-Nations reconnus par l’ONU (Slovénie, Croatie, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, République de Macédoine) et un septième aspirant à l’être prochainement (Kosovo). L’explosion de la Yougoslavie, qui fut marquée par de nombreuses violences, se caractérise aussi par de fortes mutations sociales et économiques liées notamment au passage d’une économie planifiée vers une économie de marché. Sur un territoire où les frontières ont été remaniées et où les systèmes politiques ont évolué et les sociétés nationales ont été recomposées, un double mouvement nous semble perceptible :

– d’une part, un repli sur les territoires et les sociétés nationales lié à la consolidation de nouveaux États-Nations, recomposés autour d’une nationalité majoritaire et dominante, souvent construits en opposition du voisin et en référence aux évènements passés.

– d’autre part, un ancrage dans un contexte régional et international redéfini, marqué par l’apparition de nouveaux acteurs, entre solidarités locales, mondialisation et européanisation, constituant des facteurs majeurs de transformation des États et de leurs sociétés.

Apparemment contradictoires, ces mouvements s’entremêlent sans cesse. Élaboré pour décrire le basculement dans une société postsocialiste, le terme de transition ne rend « pas compte de l’hétérogénéité et de la complexité de ces sociétés, ainsi que de la fluidité existant parmi et entre les réalités des mondes socialistes et postsocialistes » (Doyon, Brotherton 2008 : 8). Entre affirmation des nouveaux États, mondialisation et cheminement vers l’Union Européenne, les sociétés font face à une multiplicité d’enjeux et d’acteurs allant de l’institution à l’individu.

C’est précisément la conscience de cette multiplicité qui nous conduit à croiser davantage nos regards, nos méthodes, nos recherches, afin de constituer une approche complexe, critique et pluridisciplinaire qui nous permette de mieux appréhender les reconfigurations et les mutations, mais aussi les persistances, ayant court dans les sociétés et les territoires post-yougoslaves. L’objet principal du projet PY est donc de constituer un réseau de jeunes chercheurs en sciences sociales travaillant sur cette thématique, provenant de diverses disciplines (aménagement du territoire, géographie, anthropologie, sociologie, science politique notamment), et préférentiellement francophones. Ce réseau a pour objectif premier de renforcer les échanges scientifiques entre jeunes chercheurs travaillant sur les sociétés issues de l’éclatement de la Yougoslavie mais dont l’éparpillement géographique ne leur permet pas d’échanger plus en profondeur.

Porteurs du réseau :
Cyril Blondel, doctorant en aménagement et en science politique
Maison des Sciences de l’Homme de Tours ; UMR CITERES (CNRS 7324, Université de Tours)
cyril.blondel@univ-tours.fr

Guillaume Javourez, doctorant en géographie
Maison méditerranéenne des sciences de l’homme ; UMR TELEMMe (6570); Université d’Aix-Marseille
g.javourez@univ-provence.fr

Marie Van Effenterre, doctorante en anthropologie
Ecole des hautes études en sciences sociales, UMR IIAC-LAIOS (CNRS 8177), Paris
marievaneffenterre@gmail.com