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Leila Chakroun

Docteure en sciences de l’environnement, Université de Lausanne Post-doctorante, Université Reims Champagne-Ardenne ORCID: 0000-0003-4755-0272
Humanités environnementales, mésologie/anthropo-géographie politique

THÈMES DE RECHERCHE DÉVELOPPÉS


  • Humanités environnementales, épistémologie engagée et réflexion sur la place de la recherche en tant de crise écologique

  • anthropologie des pratiques agricoles alternatives, enquêtes immersives en observation participante

  • permaculture et agroécologie, géographie des mouvements sociaux néo-matérialistes, dimensions existentielles et culturelles des trajectoires de transition (agro-)écologique; enjeux de l’engagement militant en Anthropocène

  •  ville agricole et urbanisme agroécologique

MOTS-CLÉS

Japon ; mésologie ; militantisme existentiel ; paysages nourriciers ; permaculture ; soi mésologique ; Suisse ; transition agroécologique.

CHAMPS GÉOGRAPHIQUES


  • Suisse

  •  Japon

  •  France (principalement la région Reims Champagne-Ardenne)

PRINCIPALES ACTIVITÉS DE RECHERCHE

Février 2023- février 2024 Post-doc, Université de Reims Champagne-Ardenne – chargée de recherche pour le projet Âge2SCoT (dirigé par Dr Benoît Dugua) : la planification territoriale à l’épreuve de la transition agroécologique et du changement climatique.

2016-2023 – Doctorat en sciences de l’environnement au sein de l’Institut de Géographie et Durabilité de l’Université de Lausanne

 

 

ACTIVITÉS D’ENSEIGNEMENT / DIRECTION DE THÈSES

2021-2023 Interventions ponctuelles dans différentes universités (Lausanne, Kanazawa, Reims Champagne-Ardenne

2015-2021 – Assistante diplômée pour les enseignements du Prof. Christian Arnsperger (Bachelor en géosciences de l’environnement + Master en Fondements et pratiques de la durabilité), Faculté des Géosciences et de l’Environnement, Université de Lausanne : suivi des travaux étudiants (mémoires de Bachelor et Master), évaluatrice aux examens, organisation d’excursions

COMMUNICATIONS


  • Chakroun, L. (10 juin 2014), Journée d’étude « Face au kūdōka 空洞化 (phénomène d’évidement) : dynamiques territoriales dans le Japon contemporain », Incalo (Université Paris-Cité).

  • Chakroun, L. & Dugua, B. (14 mai 2024). Pour une approche agroécologique et paysagère de la planification territoriale : catalyser les mondes de l’agriculture et de l’aménagement au sein du Grand Reims. Rencontres ERPS, Catalyser des mondes. Vers un approfondissement des territoires par l’agriculture, École d’architecture, de la ville & des territoires (Paris-Est).

  • Chakroun, L. (7 mars 2014). La permaculture, une forme de militance mésologique ? Retours sur des enquêtes en milieux permacoles, en Suisse et au Japon. Séminaire Spatialités des vivants, LADYSS (Université Paris-Cité).

  • Chakroun L. et Daguin, A. (16 novembre 2023) Arpenter les paysages à la recherche des betteraves montées. Journées d’étude Allhis « Les Paysages ruraux, perception, représentation, patrimonialisation », Université Jean Monnet (Saint Étienne), 15-16 novembre 2023.

  • Chakroun, L. (28 mai 2022). Permaculture au Japon et paysages féraux. Vivre dans les ruines, cultiver le sauvage [présentation en ligne]. Séminaire JAPARCHI « Paysage(s) du retour à la terre, paysage(s) du retour de la terre », 27-28 mai 2022.

  • Chakroun, L. & Vandaele M. (6 octobre 2021). L’engagement écologique et ses implications épistémiques : Le « militant existentiel » comme nouvelle figure de la recherche scientifique et de la transmission du savoir écologique [présentation]. Colloque des Humanités Environnementales, UMR Montpellier 5-7 octobre 2021.

  • Chakroun, L. & Dugua, B. (26 mars 2021). Articuler agriculture, alimentation et planification : une ferme agroécologique entre ville et campagne [Présentation]. Journées rurales sur les relations villes-campagnes, Montpellier, 24-26 mars 2021.

  • Chakroun, L. (27 novembre 2020). La permaculture en milieu japonais : retrouver la culture au bout de la nature ? [Présentation en ligne]. Cycle de séminaires du projet MISHA « Les solidarités à l’épreuve de la Terre : Vers des territoires de résilience ? », 13 novembre 2020 -11 décembre 2021.

  • Chakroun, L. & Dugua, B. (9 septembre 2019). Renouveler la planification par les marges : du design collectif d’un jardin en permaculture au dessin de systèmes agro-urbains territorialisés [présentation]. International Symposium « Dessiner des (éco)systèmes agro-urbains résilients. Urbanisme, architecture et agriculture au défi du changement climatique », Université Ibn Zohr Agadir (Maroc), 9-10 septembre 2019.

  • Chakroun, L. (20 mai 2019). Cultivating Concrete Utopia: Understanding How Japan’s Permaculture Experiments are Shaping a Political Vision of Sustainable Living, [Présentation]. Asian Conference for Sustainability, Energy and the Environment, IAFOR, Tokyo

  • Chakroun, L. & Linder, D. (14 mai 2018). Le soi mésologique : (en)quête phénoménologique dans le monde de la permaculture [présentation]. Séminaire des Humanités environnementales, Institut de Géographie et Durabilité, Université de Lausanne.

  • Chakroun L. (27 avril 2018). Devenir permacultrice pour devenir chercheure. Petite histoire du va-et-vient entre moi-même et mon terrain. [Présentation]. Journée d’étude « Une recherche environnementale engagée ? », Université de Lausanne.

  • Chakroun, L. et Linder, D. (5 septembre 2017). Qu’est-ce que veut dire concrètement « être mésologique », et qu’est-ce que cela implique au quotidien ? [Présentation]. Symposium international autour d’Augustin Berque : « La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ? », Cerisy-la-Salle (France), 30 août-6 septembre 2017.

  • Chakroun, L. (1er juin 2017). Les Parcs nationaux au Japon à l’épreuve de la chorologie japonaise [Conférence], Symposium scientifique en l’honneur et en présence du Prof. Augustin Berque, “Habiter comme travail écouménal : chôrésie, médiance, mitate”, Université de Lausanne (Suisse).

TITRE DE LA THÈSE

Thèse (soutenue en 2023), co-dirigée par Christian Arnsperger (Institut de Géographie et Durabilité, UNIL), et Yoann Moreau (Laboratoire d’Anthropologie politique, EHESS) : « En quête d’autres milieux. La permaculture au prisme de la mésologie en Suisse et au Japon ».

RÉSUMÉ DE LA THÈSE

La multiplicité des définitions de la permaculture qui coexistent aujourd’hui complexifie sa délimitation, mais elle est aussi le signe du dynamisme des communautés qui s’en prévalent, la diffusent et la concrétisent, et ce faisant, l’adaptent et en renégocient le sens. Depuis sa conceptualisation en Tasmanie dans les années septante par Bill Mollison et David Holmgren, le concept de la permaculture s’est exporté et a inévitablement évolué. Que signifie la permaculture aujourd’hui ? Comment circule-t-elle ? Comment son sens est-il disputé, fragilisé, stabilisé ?

Cette thèse propose de suivre la permaculture en Suisse et au Japon et de raconter, à travers une série de récits, ce qu’elle y motive comme bifurcations, négociations et expérimentations. Ces pays offrent un contraste intéressant, car, bien qu’ayant une histoire différente des relations aux non-humains et d’évidentes spécificités territoriales et pédo-climatiques, ils sont tous deux confrontés aux limites écologiques et humaines de leur système agricole industrialisé et à la nécessité de la transformer à l’aune de ces limites. Un des objectifs était de mettre en lumière les diverses réponses et stratégies proposées par les permaculteurs et permacultrices face à cette situation.

Afin d’analyser les dynamiques par lesquelles la permaculture se concrétise de manière relationnelle et contextuelle, selon des trajectoires de vie, des lieux et des territoires, j’ai fait le choix de l’étudier au prisme de la mésologie. La mésologie, ou « étude des milieux humains », est une perspective développée par le géographe Augustin Berque, qui ambitionne de dépasser les dualismes du paradigme moderne grâce à des concepts radicalement relationnels : milieu, trajectivité, médiance. Elle offre ainsi des outils conceptuels et critiques à même de décrire les fluctuations du sens de la permaculture en fonction des milieux.

Tant la permaculture que la mésologie peut lue comme une quête d’autres milieux – autres que ceux du grand récit du progrès, du capitalisme et de la modernisation écologique, et autres que ceux qui se dessinent à travers l’esthétique d’effondrement brutal qu’évoque l’Anthropocène. Qu’est-ce que ces quêtes engagent comme vision du sujet et expérience de soi ? Afin de faire ressortir leurs implications existentielles, expérientielles et politiques, je propose le concept de « soi mésologique », que j’ai construit en m’inspirant du « militantisme existentiel » de l’économiste hétérodoxe Christian Arnsperger, du « soi écologique » du philosophe Arne Næss et du « militantisme spirituel » de l’autrice féministe queer décoloniale Gloria Anzaldúa.

L’objectif de cette thèse est triple : 1) explorer et conceptualiser une disposition de soi qui arrive à tenir la tension entre reconnexion au milieu et déconnexion au système, en d’autres termes, qui fasse preuve de d’acceptation critique et incarnée ; 2) mettre en évidence ce qui, dans la permaculture, s’apparente à cette disposition de soi, et en quoi cette dernière est motrice d’une transformation des milieux ; 3) mettre en lumière les paysages et frictions que la permaculture fait émerger à travers ces transformations.

L’approche méthodologique est une mésographie – une ethnographie mésologique. Elle consiste en des enquêtes de terrain basées sur de l’observation participante dans une trentaine de lieux et au sein de diverses associations et sur cinquante entretiens semi-directifs avec des pionniers, porteurs de projets et membres actifs.

Les apports principaux de cette recherche sont, 1) de raconter concrètement la permaculture par des « récits de milieux » qui permettent de saisir conjointement des trajectoires de vie et des trajectoires de lieu ; 2) de donner à voir, à travers des « récits de frictions paysagères », les opportunités de, et les obstacles au changement que chaque territoire apporte ; 3) de situer le « soi mésologique » à l’interface entre la critique existentielle du système dominant et une attention et un prendre-soin renouvelé aux vivants.